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COP27 : "Notes d'inquiétude" de Sharm El-Sheikh

Malgré la décision historique de créer un fonds pour les pertes et dommages et une poignée d'autres points forts, la COP27 a été une déception, bien loin de ce que l'urgence climatique exige, écrit Manuel Pulgar-Vidal, responsable mondial du climat et de l'énergie au WWF.

Note: Traduction de la'rticle dont la version originale peut être consultée ici

En tant que politicien, négociateur climatique et environnementaliste, je pense qu'il est important de rester optimiste, de s'appuyer sur les points positifs et de s'encourager, plutôt que de se plaindre. En rentrant de la COP27 à Sharm El-Sheikh, je me trouve mis à rude épreuve.

Les discussions ont été très décevantes. Malgré les progrès réalisés - sur les pertes et dommages et sur le rôle de la nature dans le processus climatique - les négociations ont été mal organisées, ont donné peu de résultats et ont même, sur la question cruciale de la transition énergétique, fait reculer le processus. 

Au nom des personnes vulnérables qui souffriront de notre échec collectif à Sharm El-Sheikh, je suis frustré et en colère. Mais, afin de ne pas aliéner les négociateurs, les officiels et les lobbyistes des pays qui cherchent à ralentir la progression vers un monde sans carbone, je formulerai mes réflexions sur la COP27 dans le langage diplomatique des décisions des Nations unies :

 

Rappel de l’accord de Paris

Rappelant l'accord de Paris de 2015 et le pacte climatique de Glasgow de 2021, et reconnaissant la grave crise que représentent le changement climatique et la croissance continue des émissions de gaz à effet de serre :

Nous prenons note qu'après deux semaines de discussions, la COP s'est conclue sans faire de progrès significatif sur la prévention des impacts climatiques, sans aborder le niveau d'urgence climatique auquel nous sommes confrontés et avec une confiance dans le processus minée.

Nous notons également qu'en qualifiant ce cycle de négociations de "COP de mise en œuvre", la présidence égyptienne a visé trop bas. S'il est vrai que les gouvernements doivent mettre en œuvre les promesses qu'ils ont faites lors des précédents cycles de négociations sur le climat, les COP sont l'occasion de faire preuve de leadership, d'accroître les ambitions et de démontrer un sens de l'objectif. Tous ces éléments étaient absents de la COP de Sharm El-Sheikh.

 

Constatant avec une inquiétude croissante  

Nous notons avec inquiétude les obstacles posés par le pays hôte à la participation de la société civile au processus de la COP. La liberté d'expression est un droit universel : chaque individu devrait pouvoir faire entendre sa voix, protester et manifester pacifiquement, surtout sur une question aussi existentielle que le changement climatique. Nous ne devrions pas autoriser des pays à accueillir la COP s'ils refusent de respecter ces droits pour leur propre population et pour toutes les parties prenantes participantes.

Nous constatons avec une vive inquiétude que le monde industrialisé n'a toujours pas tenu sa promesse d'allouer 100 milliards de dollars par an aux pays en développement pour financer la lutte contre le changement climatique - une promesse faite pour la première fois en 2009 et réaffirmée à Paris en 2015. Cet échec jette une ombre sur la seule avancée sans ambiguïté de la COP27 - la promesse d'un fonds pour les pertes et dommages pour les pays vulnérables.

Nous notons également avec inquiétude l'absence de progrès vers un objectif mondial pour l'adaptation. Les discussions n'ont pas permis d'établir une compréhension commune de la manière d'accélérer l'action en faveur de l'adaptation, afin d'aider les communautés vulnérables à faire face aux impacts du changement climatique.

Nous notons avec une grande inquiétude que la formulation forte autour de 1,5°C de la Déclaration de Glasgow a été affaiblie lors de la COP27. Sa décision parle d'une "transition vers des systèmes énergétiques à faibles émissions", laissant la porte ouverte à l'énergie nucléaire et au gaz naturel. Les pays n'ont pas réussi à se mettre d'accord sur un texte final qui insiste sur l'élimination progressive des combustibles fossiles. Alors que les émissions mondiales continuent d'augmenter et que les Nations Unies nous avertissent que nous sommes sur la voie d'un réchauffement de 2,8°C, l'heure n'est pas au retour en arrière.

En effet, si nous ne parvenons pas à réduire rapidement les émissions, nous risquons de transformer un mécanisme de financement des pertes et dommages en un "fonds pour la fin du monde", en indemnisant sans cesse les plus vulnérables du monde pour des impacts climatiques toujours plus graves et coûteux. La COP27 aurait dû faire beaucoup plus.

Enfin, nous notons que les négociations ont été marquées par des lacunes logistiques et organisationnelles, qui ont fait que les délégués ont passé trop de temps à voyager, dans des salles de réunion trop chaudes, trop froides ou trop bruyantes, avec une connectivité internet limitée ou inexistante, et même à court de nourriture et d'eau. Il y a trop de travail à faire lors des COP pour que les délégués passent du temps à s'occuper de leurs besoins fondamentaux.

 

Regarder vers l'avenir - vers Montréal et les Émirats Arabes Unis

Malgré toutes les déceptions de la COP27, nous devons regarder vers l'avenir. Nous devons espérer que l'élan donné par cette COP aux décisions concernant la nature - comme l'inclusion de solutions basées sur la nature dans la décision sur la couverture finale - puisse aider les négociateurs à parvenir à un accord solide lors de la COP15 à la Convention sur la diversité biologique, à Montréal en décembre. Nous avons besoin de toute urgence d'un accord de Paris pour la nature.

Nous devons également espérer que la COP28, qui se tiendra aux Émirats Arabes Unis l'année prochaine, sera la COP de la crédibilité, qu'elle pourra rétablir la confiance dans le processus et retrouver le sentiment de progrès et d'espoir qui est si essentiel au succès des négociations sur le climat.

Nous ne pouvons pas nous permettre de répéter les erreurs commises lors de la COP27, où nous avons laissé passer une occasion d'aller de l'avant. Chaque future conférence des parties doit être correctement organisée, avec des objectifs clairs, des résultats escomptés bien élaborés et un leadership capable de faire avancer le monde vers une résolution de l'urgence climatique. 

C'est le moins que l'urgence climatique exige.

 

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