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Grâce au WWF, la province du Nord Kivu bénéficie de la vente des crédits-carbone

Le Nord-Kivu est la première province à bénéficier de la vente des crédits carbone en RDC. Ceci est un résultat des projets mis en œuvre par le WWF RDC dans cette province depuis 15 ans. Nous vous fournissons quelques éclairages sur les crédits-carbone et le rôle joué par le WWF RDC dans cette avancée.

Au départ, il y avait un constat qui, au fil des ans, devenait de plus en plus inquiétant : au milieu des années 2000, des études estimaient que plus de 80% du charbon de bois consommé à Goma, chef-lieu de la Provinciale du Nord-Kivu, provenaient du Parc national des Virunga, vouant à terme ses forêts à la disparition.

En 2007, avec le soutien de WWF-Belgique, un projet baptisé « EcoMakala » est lancé aux alentours du Parc National des Virunga. L’idée est de produire du charbon de bois « vert » à partir d’arbres plantés et donc d’empêcher que ce ne soient les arbres du parc qui soient abattus pour la cuisson des aliments.

Deux ans plus tard, en 2009, en parallèle à la plantation d’arbres, est lancée la production de foyers culinaires particuliers : ils consomment en effet deux fois moins de charbon de bois que les foyers ordinaires, justifiant ainsi leur qualificatif de ‘’foyers améliorés’’.

Ces deux initiatives (Ecomakala et foyers améliorés) menées conjointement vont se révéler décisives dans la lutte contre la déforestation autour des Virunga. Elles contribuent également à la réduction du Co2, l’un des gaz à effet de serre (GES), responsable du changement climatique en raison de sa forte accumulation dans l'atmosphère.

A la suite du Protocole de Kyoto signé en 1997, l’accord international  visant la réduction des gaz à effet de serre, responsables du changement climatique, il s’est mis progressivement en place différents mécanismes en vue de maîtriser et réduire les émissions des gaz à effet de serre. Les crédits carbones en sont une illustration.

Les crédits-carbone : qu’en est-il exactement ?

Il existe deux principaux phénomènes qui permettent d’atteindre les objectifs climatiques: 1) la réduction des émissions de gaz à effet de serre et 2) la séquestration du carbone par ce qu’on appelle des “puits de carbone” (forêts, sols, océans, etc.).

Pour encourager ces deux phénomènes, une des solutions est d’avoir recours à un mécanisme de financement de projets permettant d’éviter des émissions de gaz à effet de serre ou de séquestrer du carbone: c’est le mécanisme des crédits carbone.

En achetant des crédits-carbone sur le marché volontaire, les individus et les entreprises peuvent investir dans des projets d’efficacité énergétique, de reforestation ou d’énergies vertes, qui contribuent à réduire l’impact des activités humaines sur le climat.

Tout porteur de projet de réduction ou de séquestration d’émissions de gaz à effet de serre, peut recevoir, sur le marché volontaire, des « crédits carbone » selon le standard de certification utilisé. Un crédit carbone fonctionne comme un certificat attestant que ledit projet a bien évité ou séquestré une tonne de dioxyde de carbone équivalent (tCO2e).

Les crédits carbone sont des unités que possède le porteur de projet. Si ce dernier réduit les émissions de gaz à effet de serre de son projet, la vente de ses crédits peut, in fine, financer son projet.
Pour pouvoir valablement prétendre aux mécanismes existants de valorisation des émissions évitées, une procédure rigoureuse doit donc être mise en place impliquant des évaluations précises.

Une collaboration entre divers acteurs à différents niveaux

Dans le cas d’Ecomakala, le WWF RDC a fait appel à CO2Logic, un cabinet de consultance belge, en vue du montage du dossier, des appuis dans les vérifications nécessaires et les transactions carbone auprès du client qui est une entreprise pharmaceutique belge.

Ainsi, les calculs effectués indiquent que l’utilisation d’un foyer amélioré vendu par les partenaires du projet EcoMakala permettait d’éviter l’émission d’environ 2 tonnes de CO2 par an. En ce qui concerne les reboisements, les estimations du carbone séquestré se situent entre 130 et 190 tonnes de CO2 par hectare et par an dépendamment de l’espèce.

Il existe également différentes normes internationalement reconnues pour certifier la réduction d'émissions de gaz à effets de serre dont le :
  1. Gold standard créé en 2003, c’est le système de certification retenu par le projet WWF qui prend en compte les dimensions économiques, sociales et environnementales du projet;
  2. MDP (mécanisme de développement propre) prévu par le protocole de Kyoto et créé en 2015;
  3. Plan Vivo créé en 1996, c’est la plus ancienne norme de certification des projets de protection climatique dans le secteur de l’utilisation des sols;
  4. VCS (Verified Carbon standard=Norme de carbone vérifiée), etc.
 
Le montage institutionnel et financier mis en place prévoit que les fonds soient remis au gouvernement par le biais d’un comité de pilotage (comprenant le WWF RDC, la coordination de la société civile, le Ministère de l’environnement et du développement durable, le fonds forestier national (FFN), la coordination provincial de l’environnement) et une unité de gestion grâce auxquels les fonds parviennent jusqu’aux bénéficiaires.
A la vente des crédits, deux scenarii ont été définis :
  • Pour une vente de 700.000 VER (Verified Emission Reduction) : 35% reviennent à CO2Logic et 65% au gouvernement provincial du Nord-Kivu comme porteur de projet carbone
  • Pour une vente au-delà de 700.000 VER (Verified Emission Reduction) : 20% reviennent à Co2logic et 80% au gouvernement provincial du Nord-Kivu comme porteur de projet carbone
Sur la part réservée au gouvernement provincial (65% ou 80% selon le cas), 55% ou 65% sont destinés à la gestion et la mise en place des activités telles que la plantation d'arbres, la production des foyers améliorés qui peuvent continuellement réduire l'excès de carbone dans l'atmosphère. Le WWF RDC comme facilitateur n’a pas le droit de bénéficier de ces crédits. 
 
Une première en RDC

Les premiers paiements sont intervenus entre  2020 et 2021. La Province du Nord Kivu a  bénéficié de 1,3 millions de dollars. Les vérifications sont faites sur un cycle de 5 ans pour le reboisement et sur une base annuelle pour les foyers améliorés.

Le paiement des crédits carbone est réellement une première et une avancée significative par rapport aux objectifs initiaux du projet Ecomakala car ils contribuent à la pérennisation du projet en l’absence de financements des bailleurs.

Comme l’indique Thierry Lusenge, spécialiste de la thématique ‘Energie’ au WWF RDC : « la route n’a pas été facile : il y a eu du scepticisme et des essai-erreurs mais au fur et à mesure de son évolution, le projet a su démontrer son bien-fondé et aujourd’hui, il réunit autour d’une même table le gouvernement national à travers son Ministère de l’environnement, le gouvernement provincial, la société civile et les ONG faisant de la valorisation du carbone une réalité tangible avec des retombées financières visibles ».

M. Maneno Kakule, Responsable provincial du Fonds Forestier National (FFN) et vice-président du comité de pilotage des crédits carbone du Nord Kivu partage sa satisfaction : « la province du Nord Kivu félicite le WWF pour la facilitation qu’il a assuré qui permet aujourd’hui à notre province d’être une province pilote dans ce domaine. Nous espérons maitriser davantage le processus, négocier encore un meilleur prix et voir dupliquée cette expérience dans d’autres provinces ».

En plus de la solution réaliste apportée au problème de la déforestation autour de Goma, les crédits carbone ajoutent ainsi une opportunité permettant d’assurer la durabilité du projet Ecomakala : les fonds reçus permettront d’installer plus de boisement et de produire plus des foyers améliorés.

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