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La lutte contre la criminalité faunique se poursuit à travers un nouveau projet

Le 13 novembre 2020 Le WWF a organisé à Kinshasa un atelier pour le lancement d’un nouveau projet de lutte contre le trafic illicite de faune sauvage en République démocratique du Congo : «Vers une éradication de la criminalité faunique en RDC pour le bénéfice des populations et de la biodiversité ».

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Le 13 novembre 2020, le WWF a organisé à Kinshasa un atelier pour le lancement d’un nouveau projet de lutte contre le trafic illicite de faune sauvage en République démocratique du Congo : «Vers une éradication de la criminalité faunique en RDC pour le bénéfice des populations et de la biodiversité ».

La demande mondiale en produits illicites de faune sauvage, tels que l'ivoire et les écailles de pangolin, à laquelle s’ajoute la demande locale en viande de brousse, restent toujours très préoccupantes.

La région du Bassin du Congo a perdu 65% de ses éléphants de forêt entre 2002 et 2013 et de récentes enquêtes montrent des déclins localisés importants allant jusqu'à 90% par exemple dans le paysage TRIDOM (région qui couvre le Cameroun, le Gabon et le Congo Brazzaville) en raison de la demande internationale illégale d'ivoire, situation à laquelle contribuent certains facteurs tels que les faibles capacités en matière d’application des lois, un manque de financement à long terme pour la lutte contre le braconnage ainsi qu’une implication insuffisante des communautés locales dans la lutte contre le braconnage.

Dans ce contexte, le WWF RDC a mis sur pied depuis 2014 un programme de lutte contre le commerce illégal de la faune, décliné en projets triennaux mis en œuvre dans la région du Lac Tumba - Lac Maï Ndombe ainsi qu’à Kinshasa.

Le nouveau projet correspond à la cinquième phase de ce programme et continuera à appuyer les efforts du Gouvernement congolais en vue d’éradiquer le trafic illicite de faune sauvage et concernera toujours le même espace géographique.

Ce nouveau projet s'appuiera sur les résultats obtenus au cours des initiatives précédentes et mettra l’accent sur une prise en compte plus accrue des sauvegardes environnementales et sociales dans la mise en œuvre des activités de conservation en général, et de mise en application de la loi faunique en particulier.
 
Trois questions à Alain Bernard Ononino
Alain Bernard Ononino est Responsable du WWF-Afrique centrale pour la lutte contre la criminalité faunique.
Question: Alain Bernard Ononino, quels sont les grands progrès accomplis lors des phases précédentes du projet et quels sont les efforts qui restent à faire ?
 
Réponse: Ce projet est la cinquième phase d’un projet démarré il y a une quinzaine d’années. Lors de la dernière phase un certain nombre de résultats clefs ont été obtenus à différents niveaux.
  1. En ce qui concerne le plaidoyer nous citerons :
  • La fermeture du marché d’ivoire de Kinshasa ;
  • La mise en place d’une unité de coordination nationale regroupant différentes entités engagées aux côtés de l’Institut congolais pour la conservation de la nature (ICCN) dans la lutte contre la criminalité faunique en RDC ;
  • La prise d’un certain nombre d’arrêtés provinciaux interdisant la chasse et la commercialisation de produits de faune ;
  • L’adoption de l’approche braconnage zéro, une approche holistique qui permet de mieux évaluer les efforts dans la lutte contre le braconnage.
  1. Au niveau des formations, le projet a contribué à renforcer les capacités de plusieurs agents en charge de l’application des lois au sein de la police, des douanes et de la justice.
  2. Le projet a également appuyé le suivi judiciaire d’une cinquantaine d’affaires concernant des braconniers et des trafiquants.
En ce qui concerne les progrès à faire, il y a quelques points à améliorer tels que l’implication des peuples autochtones et des communautés locales dans la lutte anti-braconnage. Cette phase mettra ainsi l’accent sur l’éducation et la sensibilisation des communautés locales pour qu’elles prennent une plus grande conscience de la valeur de la biodiversité.
Le projet travaillera également pour une meilleure appropriation et une meilleure intégration des sauvegardes environnementales et sociales (*voir note ci-dessous).
 
Q. La criminalité faunique concerne non seulement des acteurs locaux mais elle est une activité qui va au-delà des frontières nationales. Que peut faire le projet pour contribuer à juguler l’aspect transnational de cette criminalité ?
 
R. Effectivement la criminalité faunique dépasse le seul cadre des territoires nationaux. La RDC est un pays qui partage ses frontières avec une dizaine de pays et la criminalité faunique a des impacts qui touchent non seulement la biodiversité mais aussi la sécurité des personnes. Le projet va ainsi mener des actions de plaidoyer pour que la criminalité faunique ne quitte pas les préoccupations des décideurs en raison justement de ses nombreux impacts. Il sera important de collecter des informations de terrain qui porteront entre autres sur les profils des contrevenants et le type de matériel utilisé afin de renseigner ce plaidoyer. Le projet travaillera également avec des instances régionales telles que la  COMIFAC (Commission des Forêts d’Afrique centrale) ou la CEEAC (Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale) qui ont l’avantage de pouvoir faciliter le dialogue avec les pays afin de mieux coordonner les actions de lutte contre la criminalité faunique.
 
Q. Quels sont les résultats clefs attendus pour cette phase ?
 
R. Un des premiers résultats à atteindre est de boucler le processus de conformité aux sauvegardes environnementales et sociales qui serviront non seulement pour ce projet mais pour tous les projets futurs dans la zone qui auront ainsi une base leur permettant d’identifier les risques et de décider ainsi des aspects sur lesquels ils pourront se focaliser.
Un autre résultat à atteindre est de réaliser une plus grande implication des communautés. On travaillera aussi au renforcement des capacités des agents chargés de l’application des lois autant sur les techniques traditionnelles de lutte anti braconnage que sur l’amélioration de l’interaction avec les communautés et les systèmes de suivi et évaluation pour renforcer la collecte et l’analyse des données avec comme effet une plus grande qualité des renseignements sur l’état des cibles de conservation et des menaces qui pèsent sur elles.
 
Note : Les sauvegardes environnementales et sociales sont des politiques, normes et procédures opérationnelles qui permettent d’identifier et par la suite éviter ou atténuer les impacts environnementaux et sociaux négatifs pouvant survenir lors de la mise en œuvre des projets. Les sauvegardes augmentent de manière proactive les chances que les projets produisent de meilleurs résultats pour les personnes et l'environnement.

 

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